Samedi soir, le Théâtre de Fos à Fos-sur-Mer a vibré au rythme des éclats de rire provoqués par Antonia de Rendinger. L’humoriste, fidèle à sa réputation d’OVNI dans le paysage humoristique français, a livré un spectacle d’une rare intensité, mêlant virtuosité théâtrale, sens du rythme parfait et une inventivité scénique dont elle seule a le secret.
À contre-courant des tendances actuelles du stand-up, Antonia cultive avec brio l’art du sketch. Elle y déploie une galerie de personnages tous plus farfelus, touchants et démesurés les uns que les autres, ses créatures scéniques semblant parfois la dépasser elle-même. Sur scène, elle n’est jamais tout à fait Antonia : elle devient une multitude. Une petite fille démoniaque et son chat maléfique, une grand-mère libre comme l’air, ou encore une mère ch’ti dépassée par l’idéalisme écolo de sa fille, autant de portraits hilarants, incarnés avec une sincérité délicieuse et un grain de folie irrésistible.
Tout au long du spectacle, l’artiste dissèque avec humour corrosif et tendresse la relation mère-fille, faisant exploser les clichés sur la maternité et dessinant en filigrane une réflexion fine sur la place des femmes de plus de 40 ans. Les transitions sont maîtrisées, les sketchs s’enchaînent avec une fluidité redoutable et chaque personnage semble prendre vie sous nos yeux comme dans un film dont l’humoriste serait à la fois l’autrice, la réalisatrice et l’actrice principale.
Reconnue pour avoir sillonné les routes avec son précédent seule-en-scène, Antonia revient ici avec un opus encore plus pétillant, brillant et exigeant. Le texte est ciselé, l’écriture percutante, et même lorsque les sujets sont délicats, le traitement reste d’une finesse admirable.
La mise en scène sobre et intelligente laisse toute la place à sa performance corporelle et à son sens du rythme, confirmant ce que le public savait déjà : Antonia de Rendinger est bel et bien une bête de scène, de Corps et d’Esprit.
À la sortie, les spectateurs avaient le sourire, certains se sentaient même « heureux sinon grandis ». Une soirée mémorable, qui rappelle encore combien l’humour peut être à la fois un divertissement irrésistible et un miroir délicat tendu à notre époque.




