Ce 4 décembre est un jour historique au Jardin du Mazet de Fos-sur-Mer. Monsieur Manu Correa fête aujourd’hui ses 100 ans, un anniversaire rare, chargé d’émotion et de souvenirs. À cette occasion, Fossa FM est allé à sa rencontre pour retracer avec lui un siècle de vie marqué par le courage, le dévouement, l’amour et le déracinement.
Né le 4 décembre 1925, à Oran en Algérie, Manu venait au monde le jour de la Sainte-Barbe, patronne des pompiers. Un clin d’œil du destin, peut-être, quand on sait la carrière qui l’attendait. Il grandit au sein d’une fratrie de huit enfants, dans une famille d’origine espagnole ayant quitté leur terre natale pour bâtir une vie meilleure en Algérie. Son père, ouvrier boulanger, travaillait la nuit, tandis que sa mère assumait le poids du foyer, élevant ses enfants dans un quotidien parfois rude mais empreint de valeurs solides.
En 1943, alors que la guerre bouleverse le monde, Manu n’a que 18 ans. Il fait un choix fort : s’engager volontairement dans la Marine française. Il devient canonnier sur un navire de guerre et renonce à la nationalité espagnole pour servir la France, un acte de loyauté et de bravoure qui marquera profondément son parcours.
Après la guerre, la vie le ramène à Oran, mais un événement tragique va bouleverser son horizon. Sur un chantier où il travaille comme manœuvre, il assiste au décès accidentel d’un ami cher, tué par une pelle mécanique. Ce choc, encore vif dans sa mémoire, amorce un tournant. Son beau-frère Gabriel l’encourage alors à passer des examens : Manu deviendra pompier, un métier où il trouvera enfin sa voie, son utilité, son équilibre.
Il servira d’abord en Algérie, puis, après 1962, en métropole. Cette année-là, Manu quitte Oran, sa terre natale, sa ville, ses repères. À presque 40 ans, il doit tout reconstruire. Lui et sa famille sont accueillis dans un petit village ardéchois de 300 habitants, la cité du barrage, dans la commune de Saint-Montan. Le contraste est immense, passer d’une grande ville méditerranéenne à un hameau battu par le froid de l’hiver, mais l’accueil chaleureux restera gravé dans sa mémoire. En 1964, il rejoint finalement la région parisienne, où il continue sa carrière de pompier à Poissy, dans les Yvelines.
Son engagement sera récompensé par plusieurs distinctions : médaille de bronze, d’argent et d’or pour actes de courage et de dévouement. Autant de reconnaissances qui témoignent du professionnalisme et du cœur qu’il a mis dans chaque intervention.
Mais au-delà du soldat du feu, Manu est aussi un homme de famille. Très jeune, à Oran, il rencontre Françoise, sa voisine de palier. Il le sait immédiatement : elle sera la femme de sa vie. Ensemble, ils traversent les décennies, fondent une famille autour de trois enfants, et fêtent en 2007 leurs 60 ans de mariage.
La vie ne les épargnera pas : en 2017 puis 2018, Manu perd successivement son épouse et l’un de ses fils. Malgré ces blessures profondes, il continue d’avancer, entouré de ses enfants, de son entourage et aujourd’hui du personnel bienveillant du Jardin du Mazet.
Installé à Fos-sur-Mer depuis 1980, une ville où il venait déjà chercher le soleil après les années parisiennes, Manu savoure désormais chaque journée comme un cadeau.
Lorsqu’on lui demande quel message il souhaite transmettre aux jeunes générations, sa réponse est simple et belle : « Le courage, le travail, la famille… ce sont les piliers d’une vie. Et surtout, n’oubliez jamais d’aimer. »
À 100 ans, Manu Correa incarne la mémoire vivante d’un siècle. Son parcours force le respect, inspire la gratitude et rappelle que derrière chaque vie se cache une histoire extraordinaire.
Et aujourd’hui, Fossa FM, et tous ceux qui ont croisé son chemin lui disent : Joyeux anniversaire, Monsieur Correa.




