Ce mardi 15 octobre dernier, à la Maison de la Mer et du Sport, s’est ouverte la réunion publique de la concertation préalable relative au projet MEDHYTERRA de terminal d’importation d’ammoniac bas-carbone à Fos-sur-Mer, porté par ELENGY.
Le maire de Fos, René Raimondi a ouvert la séance en soulignant que cette concertation n’était pas obligatoire et « a remercié le porteur de projet d’avoir usé de la démarche pour effectivement, apporter toute la transparence pour ce dossier. On se trouve face à une ère nouvelle qui est l’importation d’hydrogène. »
Puis Régis Passerieux, Commissaire délégué à la transition industrielle, écologique et énergétique de la zone Fos-Berre a souligné l’importance de comprendre l’ensemble des projets autour de l’hydrogène « parce qu’aujourd’hui, un certain nombre de spécialistes sont en train de dessiner le futur de l’hydrogène. On en a besoin pour la puissance de l’hydrogène mais aussi pour l’acier de demain, pour la chimie de demain, pour les processus industriels de demain ou pour le transport ou encore la compétitivité. »
Elengy, le porteur de projet a ensuite été présenté par Christophe Thil, Directeur Stratégie, Développement et Commercialisation. Petit historique :
- Elengy est une filiale de GRT Gaz au sein du groupe ENGIE qui dispose de plus de 50 ans d’expertise dans les services Gaz Naturel Liquéfié.
- Entité régulée qui remplit une mission de service public pour ses activités GNL.
- 1972, démarrage du terminal méthanier Fos Tonkin.
- Plus de 400 collaborateurs.
Après cette présentation, Christophe Thil a développé la stratégie d’Elengy en matière de décarbonation qui s’articule autour de 3 axes :
- Décarbonation de son activité avec l’amélioration de son impact environnemental.
- Décarbonation de la mobilité lourde terrestre et maritime pour laquelle les terminaux jouent un rôle central.
- Décarbonation des industriels avec des solutions d’importation de nouvelles molécules (ammoniac,…) et d’export et de stockage du CO2 industriel.
Sébastien Roussel, Directeur du projet MEDHYTERRA, a commencé à exposer le dit projet MEDHYTERRA: « On produit de l’hydrogène renouvelable à partir de l’électrolyse de l’eau sans dégager de CO2 lors de sa production. Il est appelé renouvelable car le courant électrique utilisé provient d’énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien. Et pour ce faire, on s’attend à ce qu’il soit produit dans les régions ensoleillées telles que l’Amérique du sud, l’Afrique ou encore le Moyen-Orient. Alors va se poser le problème du transport de cet hydrogène bas-carbone. La solution qui fait consensus c’est de passer par une autre molécule intermédiaire et notamment l’ammoniac car un peu de chimie, la formule chimique de l’ammoniac c’est NH3, 1 atome d’azote et 3 atomes d’hydrogène. Une fois l’hydrogène renouvelable produit, on lui ajoute de l’azote pour créer de l’ammoniac, c’est le procédé Haber-Bosh que l’on maîtrise à la perfection. L’ammoniac a l’avantage de devenir liquide à moins de 33°, donc c’est facile. Et autre avantage, ces chaînes logistiques de transport intercontinental existent déjà. » Une fois la démonstration faite entre hydrogène et ammoniac, le projet MEDHYTERRA de terminal d’importation d’ammoniac bas-carbone à Fos Tonkin a été conçu afin de gérer ces nouveaux flux qui devraient approvisionner le territoire en hydrogène. Cet ammoniac bas-carbone devrait permettre de décarboner les industriels qui consomment de l’ammoniac par exemple pour la production d’engrais et de décarboner les consommateurs en hydrogène car il est possible de faire l’opération inverse c’est-à-dire reconvertir l’ammoniac en hydrogène. Ce n’est pas prévu dans le projet MEDHYTERRA qui distribuerait de l’ammoniac.
Le projet en quelques chiffres :
- Réutilisation d’une partie des infrastructures existantes.
- Réaménagement d’une partie du terminal, préalablement dédiée à des activités GNL et hors d’exploitation depuis plusieurs années.
- Construction d’un réservoir d’environ 30.000m3
- Raccordement du terminal au réseau ferré national.
- Importation de 200.000 tonnes d’ammoniac par an (1 à 2 navires par mois).
- Investissement entre 100 et 150 millions €.
- Mise en service en 2029.
La sécurité mise en avant :
- Site déjà classé Seveso seuil haut.
- Objectif : sécurité maximale des personnels et des populations via l’utilisation des meilleures technologies disponibles.
- Une étude de dangers préliminaire a permis de définir des mesures renforcées de prévention des risques à la source comme par exemple un réservoir d’ammoniac protégé par une triple enceinte ou encore des canalisations d’ammoniac munies de double-parois.
Un mot des garants de la CNDP Corinne Larrue et Ginette Vastel :
« La question des impacts cumulés de l’ensemble des projets puisqu’il n’y en a pas qu’un est importante surtout en termes de sécurité. Pour ce faire, il y a un site de coordination des concertations sur lequel l’ensemble des informations des projets sont concaténés. Les maîtres d’ouvrages remplissent un tableau pour s’assurer que les données soient comparables. Et sur le site de la concertation de MEDHYTERRA vous avez un lien pour y arriver. »
Pour participer à la concertation www.concertation-medhyterra.fr
Pascale Bélanger