Le jeudi 6 mars, le Théâtre de Miramas a accueilli une représentation exceptionnelle de Une opérette à Ravensbrück, une pièce bouleversante inspirée des écrits de Germaine Tillion. Ce spectacle unique témoigne de la force de résistance et de la volonté de survie des femmes détenues dans le camp de concentration de Ravensbrück, utilisant l’humour comme ultime rempart face à l’horreur.
Rire pour survivre
Dans l’enfer du camp, Germaine Tillion et ses camarades ont trouvé une manière singulière de résister : tourner leur quotidien en dérision. Une opérette à Ravensbrück met en scène une fausse conférence animée par un naturaliste présentant une nouvelle “espèce” : les Verfügbar, ces prisonnières assignées aux travaux les plus pénibles pour avoir refusé de collaborer à l’effort de guerre allemand. Cinq femmes, accompagnées d’un scientifique et d’un musicien en live, livrent un récit saisissant, oscillant entre comédie et tragédie.
L’opérette aborde sans fard l’idéologie raciale nazie, les conditions de vie sordides des détenues et leur espoir de libération. Plus qu’un simple divertissement, cette création s’impose comme un acte de résistance, une démonstration d’une liberté insubmersible.
Un témoignage précieux
Germaine Tillion a précieusement conservé ses écrits tout au long de sa vie, n’autorisant leur publication qu’à la fin de son existence. Pour elle, “le rire, même dans les situations les plus tragiques, est un élément revivifiant. On peut rire jusqu’à la dernière minute.” Ce texte puissant, entièrement rédigé dans le camp par Germaine Tillion et ses co-détenues, n’a subi aucune modification si ce n’est quelques coupes, précise la metteuse en scène Claudine Van Beneden.
Résister aujourd’hui
À l’issue de la représentation, Claudine Van Beneden a rappelé la force intemporelle de ce texte : “Quand on choisit de monter une œuvre de Germaine Tillion, c’est faire acte de résistance à la tempête qui semble s’annoncer. Nous vivons des temps sombres, qui en rappellent d’autres. Alors, il nous reste ce réconfort : nous tenir debout et manifester ce désir fragile de voir éclore un jour un monde commun pour nos enfants.”
Avant de conclure avec une dédicace poignante : “Chacune de nos représentations est dédiée aux résistantes du passé, celles du présent et à celles et ceux de l’avenir.”